Un mois après l’investiture du président mauritanien, le premier ministre tend la main à l’opposition. Ould Cheikh Sidya entend traduire dans les faits la volonté de Ould Ghazouani de s’ouvrir aux partis politiques et à la société civile.
C’est un dîner avec les députés de sa majorité qui a servi de cadre au chef du gouvernement pour appeler le dialogue politique notamment avec l’opposition sur toutes les questions d’intérêt national. C’est une première pour un pouvoir issu de l’armée qui s’ouvre ainsi à tous les mauritaniens. Une main tendue à l’opposition pour apaiser les tensions politiques nées de la crise post-électorale. Les leaders de la coalition VE, des forces démocratiques du changement, de l’IRA et de la coalition de Ould Boubacar attendaient avec impatience que cette volonté d’ouverture du nouveau président soit une réalité. Son premier ministre est décidé à tourner la page de l’autoritarisme du régime de Ould Aziz.
Pour le moment aucune condition n’est sur la table des négociations. Les observateurs attendent la réaction des opposants. Selon toute vraisemblance l’opposition ne s’offrira pas en agneau de sacrifice sans que tous les prisonniers politiques post-électoraux ne soient libérés et que les discussions d’intérêt national portent sur la réconciliation nationale qui passe par le règlement du passif humanitaire. Dans ce contexte d’impasse économique l’opposition ne ratera pas l’occasion de demander un audit de la gouvernance de Ould Aziz dont les conséquences ont mis à genou toutes les sociétés d’Etat en particulier la SNIM qui continue d’être dirigé par un ancien ministre des finances et de l’économie autrement dit le principal argentier au cœur des malversations de l’ancien président.
Dernier dossier qui fâche c’est la révision du système électoral et ses deux lois fondamentales la CENI et le conseil constitutionnel, deux textes qui ont organisé depuis 2009 la tricherie politique et la fraude.
Au vu de ces revendications le dialogue entre le pouvoir et l’opposition s’annonce difficile. Les dossiers sont brûlants et cela demande du temps du suivi et des compromis. Les observateurs sont dans l’expectative des premiers pas.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 12 septembre 2019)
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