Le président mauritanien vient de recevoir le rapport annuel de la cour des comptes par son président conformément aux exigences de la loi qui régissent cette institution supérieure prétendue indépendante dans le contrôle des deniers publics. Un document important pour Ould Ghazouani au moment où il engage d’importantes réformes pour redresser l’économie.
En effet c’est un rapport attendu par les observateurs pour la simple raison qu’il doit révéler en principe un certain nombre de disfonctionnement de l’Etat au niveau de la gouvernance des finances publiques. Attendu par le président au moment où il vient de succéder à Ould Aziz après 11 ans de gabegie et de corruption. Pour le nouveau président ce document est important pour la feuille de route du gouvernement de plus en plus transparente pour s’attaquer à un pays qui se trouve dans un état de dégradation économique avancée. Dans cette perspective l’inaction affaiblirait tout le régime.
Au-delà de la forme et sur le fond ce rapport n’est pas rendu public. Et ce manque de transparence est pointé par les observateurs dont les frustrations ne datent pas d’aujourd’hui. Les différents locataires du palais de Nouakchott n’ont pas fait mieux pour améliorer l’utilisation des deniers publics depuis la création en 91 de cette institution indispensable pour l’efficacité des fonds publics. La remarque du président de la cour des comptes à l’issue de son audience en dit long sur le retard dans l’élaboration des rapports annuels sur les lois de règlement des budgets de l’Etat de 2010 à 2017 sous le régime de Ould Aziz. C’est un marqueur de la gouvernance militaire sous vernis démocratique. La cour des comptes comme la cour suprême pour la déclaration du patrimoine du président obéit au chef de l’exécutif. Le rapport 2019 ne fait pas exception à la règle. Les observateurs s’attendent à ce que Ould Aziz et ses acolytes ne soient pas inquiétés par la justice pour des raisons de loyauté à son mentor. En revanche un audit des finances publiques s’impose pour la réussite de toute réforme.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 17 octobre 2019)
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