Diaspora Elbeuf : Youssef Tallal, un écologiste engagé pour le Maroc

De l’immigration de travail au militantisme syndical   (Première partie)

 

De la vallée du Dades à Thones. Ce que l’on vit en général dans l’enfance peut avoir des influences négatives ou positives dans la vie plus tard. C’est le sens du parcours de migration et d’intégration du marocain Youssef Tallal en France.  Très tôt bercé par une ambiance familiale de paysans dont le père analphabète, minier mais conscient de sa condition de classe, il a vite compris qu’il faut se battre dans la vie. Les notions d’égalité et de justice ne lui étaient pas étrangères. Il considère qu’il a eu la chance d’avoir cette éducation politique et surtout d’être né au cœur du Haut-Atlas marocain dans une famille qui avait pourtant immigré au Nord du pays.

Une première expérience qui va l’amener loin de sa vallée du Dadès où il avait passé toute son enfance. Une migration qu’il va réitérer mais cette fois-ci en traversant la Méditerranée en 1972 pour la Haute-Savoie en France.

Le jeune marocain prend son destin en main à l’âge de 17 ans à Thones.

 Muni seulement d’un BEPC Youssef Tallal décida de travailler tout de suite. Une décision favorisée à l’époque par le plein emploi. Le jeune immigré tente sa première chance comme bûcheron puis dans une usine de fabrication qui débouchera sur un contrat comme ouvrier spécialisé à Mobalpa. C’est au cours de cette période qu’il s’engagea pour la première fois à la CGT (Confédération générale des Travailleurs)

. Ce qui lui as permis de comprendre très tôt la situation des migrants mais aussi qu’il faut se battre pour comprendre et défendre ses droits comme son père le lui avait enseigné. Un héritage qu’il mettra bien à profit en intégrant dans un premier temps une formation professionnelle d’adulte. Et dans cette lancée il va occuper plusieurs emplois dans une usine électronique et dans une fonderie. Son désir de donner toujours un sens à sa vie l’amena à s’installer en Seine-Maritime en 1975.

Du syndicalisme au militantisme associatif

 A Elbeuf le jeune travailleur a la chance de côtoyer des personnalités ouvertes sur le monde notamment sur l’Amérique latine, la Palestine, l’apartheid en Afrique du Sud et les répressions au Maroc. Et dans cette commune multiculturelle stigmatisée par le Front National le jeune syndicaliste trouve un terrain fertile à ses idées pour défendre les droits des migrants en s’impliquant dans les actions de la Maison des Jeunes et de la culture comme salarié à partir des années 80. Une vocation d’animateur est née suite à des formations à ces métiers qui ont débouché sur des diplômes de brevet d’animation de centres de loisirs puis un diplôme d’Etat aux formations d’animateur. Sa soif d’apprendre le conduira à l’Université de Rennes où il obtient au bout de deux ans une maîtrise en administration et économie sociale avec une option développement local.

Ce n’est pas un hasard ce bagage intellectuel et professionnel deviendra rapidement un atout pour réaliser des projets d’alphabétisation pour les elbeuviens, d’engager des luttes pour les droits des immigrés, la connaissance des langues et cultures des migrants, des expositions sur le Maghreb, le monde arabe, l’Afrique subsaharienne en particulier le Sénégal où il a séjourné avec 30 jeunes elbeuviens. Un voyage culturel qui l’a beaucoup marqué et contribué à l’enraciner davantage dans son identité africaine. Les femmes ne sont pas en reste de ses activités dans une commune où l’intégration de la femme étrangère est devenue un impératif pour le mieux vivre ensemble.

 La naissance de groupes de femmes agissant dans cette direction a permis à la Maison des Jeunes de toucher un large public et la formation de groupe de musique et de théâtre d’offrir une diversité culturelle très appréciée par les habitants.

Retour aux sources

 Et pendant  presque 20 ans entre des études universitaires et des responsabilités plus importantes  à la fin de ce parcours universitaire à partir de 2000 comme directeur à la Mairie de Cléon au service éducation de la jeunesse et de la politique de la ville, Youssef Tallal n’a pas oublié ses origines et profite de cette riche expérience pour initier des projets de développement au Maroc soutenus par sa municipalité dont la vallée du Dades, son village natal où il va expérimenter des projets agro-écologiques jusqu’à 2013 l’année de sa retraite.

Propos recueillis par Bakakala Kane

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Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

(Reçu à Kassataya le 06 septembre 2018)

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